18 février 2007
Maurice Papon & le coupable
Papon est mort. C'est bizarre mais cela ne me fait même pas plaisir, ou seulement un peu... C'est l'histoire de la France qui s'en va un peu avec lui, car, grâce à lui, la France s'était révélée à son hypocrisie, à son mensonge. Sans cet affreux, personne n'aurait compris l'ampleur de notre commune responsabilité dans le désastre. Sans cet être vivant, banal dans son inhumanité, nul ne saurait la honte, la complicité, le pire.
Papon appartient à cette race qui nous aide à nous souvenir, nous rappeler plutôt la bassesse de notre condition. Avec son "exemple", nous nous rendons meilleurs en somme. Plus fort qu'un Eichman, il incarna la reconversion, donc la proximitéque l'on a avec cette sorte, l'évidente notion de fratrie criminelle nous saute aux yeux lorsqu'on l'observe. Par delà la vie politique, ou l'existence d'un corps social plus ou moins unifié, il existe des traîtres, tes tueurs, des complices: les coupables ont une nécessité dans la démonstration d'une dialectique historique, sans fin. Nous nous battons contre un ennemi informe, un ennemi qui peut prendre la forme d'un "respectable" grand-père.
Papon est mort mais il nous faut conserver autant notre dignité que la mémoire de notre culpabilité. En effet, nous sommes tous, ou presque, de futurs grand-parents.